DiscoverDans la presseDix ans après l'attentat contre Charlie Hebdo : "Liberté, liberté Charlie"
Dix ans après l'attentat contre Charlie Hebdo : "Liberté, liberté Charlie"

Dix ans après l'attentat contre Charlie Hebdo : "Liberté, liberté Charlie"

Update: 2025-01-07
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A la Une de la presse, ce mardi 7 janvier, le dixième anniversaire de l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo, qui avait fait douze morts, dont huit membres de l’équipe du journal.

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A la Une de la presse, le dixième anniversaire de l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo, qui avait fait douze morts, dont huit membres de l’équipe du journal.

Dix ans après, Charlie Hebdo est toujours là, défie toujours ceux qui cherchent à le faire taire et se réjouit de ce qu’un sondage indique que 76% des Français considèrent aujourd’hui la liberté d’expression et la caricature comme un droit fondamental, contre 58% en 2012.

Charlie Hebdo voit dans l’attentat de 2015 "un moment de vérité" qui a mis à l’épreuve "la solidité" de ses idées, "malgré les souffrances et la difficulté de devoir reconstruire une rédaction toujours ciblée par des menaces et dénigrée par les critiques". "Parce qu’une idée, écrit Charlie, c’est du réel, du vécu, pas seulement des belles paroles qu’on déclame ou qu’on gribouille dans un édito".

Parce que "l’esprit Charlie", "débute à l’âge où on prend conscience qu’on fait partie du monde et qu’on a envie de le faire savoir", la rédaction a proposé à des lycéens de l’Est de France de réaliser un numéro entièrement écrit et dessiné par eux-mêmes. Tiré à 22 000 exemplaires, ce "Charlie des lycéens" a été présenté hier, dans le cadre d’une exposition - mais sans la présence de ses jeunes auteurs. Une absence que des élus locaux ont déplorée, d’après L’Union. "L’esprit Charlie, c’est compliqué ces dernières années", a réagi l’Ardennais Guillaume Maréchal. La Marnaise Véronique Marchet regrette, quant à elle, que "malgré tout ce que l’on cherche à inculquer à la jeunesse", celle-ci n’ait pas été représentée. Selon elle, "la peur qu’on nous a distillée il y a dix ans, elle est toujours là", et "continue de gagner". Les noms des 14 établissements ayant participé à ce projet ont été retirés de ce numéro spécial "à la demande du rectorat".

Si la peur gagne peut-être du terrain, les soutiens de 2015 sont toujours là. "Liberté, liberté Charlie", titre Libération, qui avait accueilli la rédaction de Charlie Hebdo au lendemain de l’attentat. "Les terroristes n’ont pas gagné. Non. Mais le "oui mais" a gagné les esprits et gangrène la liberté d’expression. L’autocensure a progressé dans beaucoup de têtes. Ils ont distillé un poison lent qui s’attaque à la laïcité. Ils ont donné l’idée à certains, y compris à gauche, que ce combat pour laisser la religion à sa place, n’était pas un combat cardinal", regrette le journal, où le dessin en Une est signé Coco, rescapée de Charlie Hebdo.

Dans les colonnes du journal, l’écrivain Philippe Lançon, lui aussi rescapé, grièvement blessé dans l’attaque, et auteur d’un livre bouleversant, "Le lambeau", explique que "l’attentat a perturbé (sa) perception du temps", "qu’il y a un temps dans lequel (il vit)" et "un temps qui s’est arrêté le 7-Janvier", cette date qui est "comme une sorte de secret, avec ce paradoxe que ce secret est connu d’à peu près tout le monde". Autre grand soutien de Charlie Hebdo, le quotidien communiste L’Humanité, rend hommage, lui, à ses morts, Cabu, Tignous, Charb, Wolinski, Elsa Cayat, Bernard Maris : "Ils étaient Charlie".

Hommage, aussi, ce matin, de nombreux quotidiens français. Pas de mots, mais seulement un dessin de Dedieu montrant un lecteur juché sur une pile de journaux, se hissant pour voir le monde, à la Une de La Dépêche du Midi. "Je suis toujours Charlie", malgré les attaques, dit aussi le dessin de Deligne du côté du Télégramme. "Toujours Charlie?" : ce n’est plus une affirmation, mais une question, pour La Provence, qui se demande ce qu’est devenu le slogan, dix ans après. "Que reste-t-il de l’esprit Charlie?", s’interroge aussi L’Union. "Peut-on rire de tout, dix ans après Charlie?". "Oui, mais", répondent en chœur les représentants des trois grandes religions monothéistes et des réseaux sociaux, dans le dessin d’Alex pour le Courrier Picard.

D’après L’Opinion, "l’esprit Charlie" animerait "beaucoup moins la nouvelle génération" - d’où le dessin de Kak montrant une jeune femme face à un miroir, portant un t-shirt "Je suis Charlie", mais dont le reflet dit "oui mais".  Le journal précise que le sondage cité par Charlie Hebdo "montre un clivage entre générations". A la question "peut-on dire et caricaturer n’importe quoi au nom de la liberté d’expression?", "un Français de plus de 35 ans sur cinq répond par la négative", "mais cette proportion grimpe à 71% chez les 25-34 ans", et le quotidien se demande si "le danger ne serait pas de s’habituer à ce fossé générationnel". La Croix, journal chrétien, qui rend également hommage à Charlie, avec un autre dessin de Deligne, a interrogé la jeune génération - qui apparaît effectivement, selon lui, "plus critique" vis-à-vis de l’humour satirique de Charlie Hebdo, "notamment quand il touche au religieux", mais "ne tire pas pour autant un trait sur la satire d’actualité".

"Aujourd’hui, beaucoup ne voudraient plus qu’on dessine, ni qu’on rigole", écrit Le Soir. "Ils ont oublié qu’être Charlie, ce n’est pas faire semblant : il n’y a rien de pire qu’un dessin de presse qui ne dérange personne. La caricature peut outrager les yeux, les mœurs, les convictions, mais ce n’est pas un délit". "Etre Charlie, poursuit le journal belge, c’est cultiver la contradiction, s’opposer aux lois liberticides, refuser les fatwas, user de l’humour contre les dogmes, contre les autoritarismes, contre les cons". "Je suis Charlie, plus que jamais", assure Le Temps. Le journal suisse considère que "se moquer de Dieu ou du roi est un droit fondamental, comme le sarcasme ou l’humour vache ", mais le dessin de Chappatte ironise sur les changements depuis 2015, lorsque les manifestants proclamaient que "la liberté d’expression, c’est sacré" - ce à quoi ceux d’aujourd’hui répondent "tant qu’elle ne dérange personne". The Economist, magazine britannique, voit la satire de presse "assiégée" et observe que le soutien à l’esprit provocateur "Je suis Charlie", qui a émergé après les attentats, "est aujourd’hui fragilisé". Le reflet, selon lui, "d’une d’intolérance croissante envers ceux qui offensent", "l'autocensure, plutôt que la loi venant désormais tempérer la satire".

Unherd, site d’information et d’opinion britannique, relève qu’une partie de la presse française de gauche a pris ses distances, ces dernières années, avec Charlie Hebdo. Une attitude expliquée par de "multiples raisons" : "la lâcheté, la peur légitime des attentats et, plus cyniquement, le désir de courtiser le vote musulman".

Retrouvez tous les matins sur France 24 la Revue de presse (du lundi au vendredi, à 7h20 et 9h20 heure de Paris). Suivez également tous les week-ends en multidiffusion la Revue des Hebdos.

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